Jef Aerosol Black is beatiful
Copyright: Weltkulturerbe Völklinger Hütte / Hans-Georg Merkel
Artiste
Jef Aérosol
Datation
2014, in situ
Dimensions
240 x 600 cm
Matériau
Sprühfarbe, Holz
Description
Jean-François Perroy, alias Jef Aérosol, est un des pionniers du pochoir français, mouvement allègrement cité aujourd’hui par la jeune génération du street art. Sortie en 1986, la première publication dédiée à cette forme artistique, ou plutôt cette culture de la rébellion, était intitulée Vite Fait, Bien Fait et arborait une couverture due à Jean-François Perroy. Vite fait, bien fait… voilà qui résume à merveille l’élan punk des adeptes du pochoir à leurs débuts. La première série de graffitis de Jef Aérosol voit le jour à Tours en 1982. Il s’agit d’autoportraits réalisés à partir de photos prises dans des photomatons et sur lesquelles il fait des grimaces. Celles-ci sont encadrées de deux côtés par de l’écriture, à la manière d’une pochette de disque comme celle de London Calling des Clash. Tout sauf un hasard, puisque l’artiste est également musicien. On y trouve à chaque fois son pseudonyme et un titre ou un slogan, « Click Clack » ou « Sniffin’ Paint », en allusion à l’acte transgressif du spray. Ressemblant au départ à des silhouettes, ses motifs se sont affinés au fil de sa carrière pour devenir des représentations détaillées très élaborées. Les portraits ou les personnages grandeur nature sont bien sûr typiques des pochoiristes. Pourtant, Jef Aérosol n’hésite plus à réaliser des murales occupant toute la façade d’un bâtiment. Si ces œuvres ne permettent guère une exécution à la va-vite avec les moyens rudimentaires du street punk, c’est-à-dire du carton et une bombe de peinture, elles n’en conservent pas moins un aspect brut où dominent les dégradés de gris. Quand il ne représente pas des stars du rock, dont il fait d’ailleurs partie, Jef Aérosol réalise aussi le portrait de gens ordinaires. Sur un assemblage de planches blanchies à la chaux rappelant les murs de certains bidonvilles, un groupe de petits Africains à la mine joyeuse se prélasse. Pour le titre, Jef n’a eu qu’à fouiller dans sa collection de disques. Et c’est avec Soul Unlimited qu’il a trouvé son bonheur : Black is beautiful.
Robert Kaltenhäuser